Giuliano D’Angiolini
)))((( (2024)
elsewhere 033
This album contains three new works by Italian composer Giuliano d'Angiolini: ')))(((', '7 flauti', and '100100', following his previous three albums: 'Simmetrie di ritorno' (Edition RZ, 2010), ‘Cantilena’ (Another Timbre, 2016) and ‘Antifona’ (Another Timbre, 2020).
')))(((' was composed in 2023 for four flutes and sheng or accordion, or six clarinets, and the version here is for four flutes and six clarinets. It is recommended to listen at high volume.
'7 flauti' was written in 2010 for seven flutes, and '100100' was written in 2023 for 36 flutes. Both '7 flauti' and '100100' follow strict procedures of indeterminacy. Thus, at each performance they sound differently.
Performers are Manuel Zurria on flute (Track 1, 2, 3) and Paolo Ravaglia on clarinet (Track 1).
“I was particularly interested in the roughness of sounds, acoustic beats and combination (resultant) tones. These tones do not exist physically, they are produced by the brain: we hear them inside our heads. I like the feeling they produce inside us, as if we were a sound source ourselves; which makes us lose our distance from the sound and a bit of our own integrity.” — Giuliano d’Angiolini
Review by Dionys Della Luce
Né en 1960, le compositeur et ethnomusicologue italien Giuliano d'Angiolini, installé à Paris, a déjà à son actif trois albums, publiés chez Edition RZ et Another Timbre (qui a enregistré notamment Melaine Dalibert) . Son nouveau disque )))((( contient trois nouvelles œuvres. La première, éponyme, de 2023, est, dans la version proposée ici, pour quatre flûtes et six clarinettes. "7 flauti" est une pièce plus ancienne (2010), pour sept flûtes...comme son titre l'indique. La dernière, "100100", date de 2023, fait intervenir 36 flûtes. Ajoutons que les deux dernières suivent des procédures strictes d'indétermination : elles sont donc différentes à chaque nouvelle interprétation. Le compositeur présente ainsi sa musique : « Je m’intéressais particulièrement à la rugosité des sons, aux battements acoustiques et aux tonalités combinatoires (résultantes). Ces tonalités n’existent pas physiquement, elles sont produites par le cerveau : nous les entendons dans notre tête. J’aime la sensation qu’elles produisent en nous, comme si nous étions nous-mêmes une source sonore ; ce qui nous fait perdre notre distance par rapport au son et un peu de notre propre intégrité. » Les interprètes sont le flûtiste sicilien Manuel Zurria, collaborateur notamment d'Alvin Lucier, et interprète de tous les grands compositeurs italiens contemporains, et, pour la clarinette, le multi instrumentiste Paolo Ravaglia, dont le répertoire de clarinette s'étend des clarinettes anciennes et chalumeaux au folklore, à la musique afro-américaine et à l'avant-garde.
Commodément calé au fond du canapé, les oreilles vides de musique depuis quelques jours, je suis prêt pour l'écoute, ou plutôt la réécoute, la troisième. Il faut faire le vide pour cette musique, je l'ai senti d'emblée. Être vierge pour entendre ce que tente Giuliano d'Angiolini. Quatre flûtes, six clarinettes...Comme des trompes dans la montagne, des appels de berger à berger. Le mugissement d'un troupeau fantôme au milieu des silences. Comme un orgue fantastique. Des souvenirs enfouis de la musique de Giacinto Scelsi me remontent aux oreilles ! Les instruments frémissent, les sons se courbent, forment un tuilage fragile. Ils interrogent le silence, à la racine du souffle. Ce sont des éclosions, parfois comme des déchirures rapides, suivies de longs glissendos de minuscules billes sonores. Des émanations du silence, des sculptures du silence. Des séquences comme des prières, des adorations. On croit aussi entendre fugitivement les shakuhachis de la musique japonaise. On a oublié le temps...
"7 flauti" commence en canon flottant : éventail des flûtes, camaïeux de douceurs veloutées. Derrière le souffle, la fine trame pétillante de la trace sonore. La musique de Giuliano d'Angiolini reste au plus près de l'immatériel, de l'impondérable. Elle saisit l'informe, non pour le solidifier, le structurer, mais pour le caresser, le peigner comme une chevelure soyeuse que l'on soulève lentement, respectueusement. C'est une musique appliquée au pinceau par un peintre-calligraphe. Aussi est-elle dans son dépouillement d'une spiritualité quintessenciée, tout en étant d'une sensualité, d'une suavité extraordinaire. Chaque surgissement est servi comme un miracle, à tel point que les flûtes sonnent presque comme des orgues sur la fin, dans des chatoiements à la Ligeti...
La dernière composition, "100100" est la plus brève (9'08) , le disque s'organisant de la plus longue (plus de vingt-trois minutes) à la plus courte, comme s'il se condensait en augmentant le nombre de couches sonores, puisque cette fois pas moins de trente-six flûtes sont convoquées ! C'est un orchestre onduleux, déraillant, des circulations aléatoires d'atomes musicaux, circulations saisies dans leur foisonnement micro frétillant. Puis des levées successives au seuil de l'Harmonie, esquisses mélodiques diaphanisées, bouquets en expansion vibratoire comme autant d'univers...
Giuliano d'Angiolini est le berger des levées harmoniques, le sculpteur de la Splendeur immaculée, immémoriale. Ce disque nous sort du Temps pour nous rendre à l'Éternelle Beauté.
By John Eyles
December 20, 2024
Yes, ")))(((" is the title of the opening track of this album, and the title of the album itself. How one pronounces it is unclear. )))((( is the fourth album released by the Italian composer and ethnomusicologist Giuliano d'Angiolini who was born in Rome in 1960. He studied composition at the Rome Conservatory, ethnomusicology at Rome University and the Accademia Chigiana in Sienna, as well as computer music in Padua. He.is now based in Paris. His first album was Simmetrie Di Ritorno which was released on the German label Edition RZ in 2010, his only previous recording having been the fifteen-minute trombone piece "Monochrome Pour Igor" on an untitled compilation (SHSK'H, 2009). The tracks on Simmetrie Di Ritorno dated as far back as 1991, with the most recent dating from 2007, "Orizzonte Fisso, Bordoni Mobili," a piece for eight instruments—flute, trumpet, trombone, saxophone, accordion, and string trio.
D'Angiolini's next two albums were both released on the Another Timbre label. Released in 2016, four of the six tracks on the album Cantilena featured indeterminacy as pioneered by John Cage, so each performance of a piece would sound different. The Italian's use of indeterminacy dates as far back as 2003 and 2004 when he recorded the pieces "Ita Vita Zita Rita (1997)" and "Notturno in progressione (2004)" for Simmetrie Di Ritorno. Erstwhile's curator and producer Yuko Zama has said this of the Italian "I first came to know Giuliano d'Angiolini's work in 2018, shortly after starting my label Elsewhere, when I listened to his Cantilena (Another Timbre), a great album that is still one of my favorite releases on AnotherTimbre. Since then, I've been hoping to feature his work on Elsewhere one day...one of my favorite contemporary composers." Released in 2020, the other Another Timbre album, Antifona, had four tracks, recorded in four different years—one of which features d'Angiolini alone at a piano, another which is for flute and piano, one which features a sextet of Apartment House players and one performed by an orchestra. Although different, they each follow strict procedures of indeterminacy.
Compared to the music on Antifona, that on )))((( is significantly different. The three )))((( tracks are all versions for a specified number of particular instruments—")))((( 's version for four flutes and six clarinets," "7 flauti, for seven flutes" and "100100 for 35 flutes." However, the only musicians credited are flautist Manuel Zurria and clarinetist Paolo Ravaglia, so they must have been busy recording multiple parts, with d'Angiolini mixing them. Zurria had the idea for this project and worked to make it happen. The three pieces sound distinctly different as ")))(((" features flutes and clarinets, "7 flauti" features flutes, alto flutes and bass flutes, and "100100" flutes alone. ")))(((" is recommended to be played loud while the other two tracks follow strict procedures of indeterminacy. All three pieces are recognisable for occasional silences. Leaving aside the technical details, the end results of all three tracks make beautiful attention-grabbing listening which can be repeated without losing its irresistible appeal.